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Parc Henri-Bourassa

En flânant dans les rues du quartier, je me retrouve sur le chemin familier du parc. Le parc Henri-Bourassa, c'est un peu comme le point de ralliement de Montréal-Nord.

En parcourant le parc, on retrouve rapidement d'autres lieux tout aussi importants, comme la maison culturelle et communautaire ou l'école secondaire Henri-Bourassa. Sans compter qu'une bonne pizza n'est jamais bien loin non plus!

Par habitude, j'emprunte les petits chemins de terre du parc. On peut voir ici toutes sortes de gens : des familles qui viennent profiter d'un peu de soleil et de temps libre, des étudiants qui s'évadent de l'école pour le temps d'un dîner ou simplement, des amis qui se rejoignent dans le parc le soir. Bref, c'est un lieu commun utilisé de toutes sortes de façons.

Maison culturelle et communautaire

Plusieurs jeunes empruntent le chemin du parc pour se diriger vers la maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord (MCC). Elle est difficile à manquer d'ici, c’est un des meilleurs points de rencontre pour les jeunes dans le quartier. C’est très accessible, facile à voir.

Ça nous permet au moins d’attendre à l’intérieur si la température est extrêmement mauvaise à l’extérieur. En plus, le personnel qui y travaille ne nous embête pas trop et nous accepte dans les lieux.

On fait difficilement mieux comme maison culturelle : il y a plein d'activités, plusieurs personnes de mon âge l'apprécient et en gardent de bons souvenirs. Elle a une place spéciale dans la vie du quartier. Allons-y!

Cégep Marie-Victorin

La place où les jeunes du secondaire vont le plus, c'est l'école Henri-Bourassa. Mais à un moment donné, comme tous les jeunes, il faut graduer. Un des collèges où l'on va, c’est le cégep Marie-Victorin. La plupart des jeunes de l'école Henri-Bourassa vont à ce cégep et il y a des endroits où l'on se tient davantage.

Je m'approche de la façade du cégep Marie-Victorin. C'est la semaine de lecture, donc les cours ne sont pas encore recommencés. Je vois tout de même des gens un peu partout autour, certains y entrent, probablement pour étudier, et d'autres se promènent sur le terrain entre amis.

École Henri-Bourassa

À proximité du parc Henri-Bourassa et de la place de l'Espoir, à l'intersection de Laurier et Maurice-Duplessis, un gros bâtiment de brique et de béton surplombe le quartier. En marchant devant l'école secondaire Henri-Bourassa, plusieurs souvenirs d'adolescence me reviennent.

Il doit y avoir au moins 2000 jeunes qui passent par ici tous les ans. Du coin de l'œil, je vois quelques étudiants courir à toutes jambes... ils reviennent probablement du parc, hé, hé, hé. S'ils se dépêchent, ils ne seront pas en retard pour les cours de l'après-midi. Je l'ai tellement fait souvent, cette course du parc à la salle de classe! Ça fait pas si longtemps, je m'en souviens très bien!

Rue Pascal

J’erre dans le parc depuis un moment déjà, en observant les passants. Tous les gens qu’on aperçoit se rendent ici depuis les rues avoisinantes. L’une de celles-ci est la rue Pascal, longeant directement le parc. On y trouve un peu de tout, des maisons, des blocs appartements, des commerces.

Bus vers l'ouest de l'île

En ville, les rues ont un bruit particulier. Le bruit des voitures, le murmure des gens qui parlent, combinés au sifflement du vent dans les arbres. À Montréal, tout ceci est bien sûr accompagné du grondement des camions et du transport en commun. Le bus, c’est notre accès vers l’extérieur de Montréal-Nord. Il n'y a pas de métro dans ce coin, alors t'as pas vraiment le choix de prendre un ou deux, ou même trois bus pour sortir du quartier. Je le sais, je le fais tout le temps. Je vis ici, je dors ici, j’existe ici, mais je travaille loin. L'ouest de l'île, c'est vraiment loin. On a élu domicile ici pour des raisons financières et je travaille là-bas pour les mêmes raisons. Alors les bus de Montréal, je les connais bien. Les jours où je travaille – donc pas mal tous les jours – j’apprends à les connaître tout au long du trajet.

Le bus s'arrête à l’arrêt et j’entre. Ça me prend environ deux heures pour me rendre au travail. Mais ça va, le bus me permet de dormir un peu. Entre le travail, le transport, les études, j’ai pas beaucoup de temps pour me reposer, alors ça aide. J’en profite pour fermer les yeux.

Je me réveille un peu en sursaut. Mon corps connaît le trajet, je me réveille toujours un peu avant. Je salue le chauffeur et sort dans les rues de ce quartier huppé. Je marche vers le bâtiment résidentiel où je travaille. Là-dedans, je suis un homme à tout faire. Je suis portier, je suis gardien de sécurité, je suis le gars qui ferme la piscine et la salle de lavage, qui reçoit les colis des gens. En fait, je fais vraiment tout ce qu’une personne normale ferait dans un appartement pauvre, mais eux, ils sont juste trop riches pour le faire eux-mêmes. Alors je leur ouvre les portes.

Station de train - Intro

En ce lundi matin, bon nombre de passagers te bousculent afin d'atteindre la sortie de la gare, pendant que d'autres te contournent pour monter à bord du train. Pourquoi tu te retrouves là, sur le quai de la gare du boulevard Lacordaire à Montréal-Nord ? Ça te semble tout aussi flou que peu important. Tu connais ces lieux, et aujourd'hui c'est congé. Tu as décidé de te balader selon l'inspiration du moment.

Tu regardes autour de toi et observes toutes ces personnes qui vaquent à leurs occupations pendant que tu te demandes quelle direction prendre...

Clique sur ton choix :

Je m'approche des groupes de gens de mon âge, pour voir si mes amis sont proches.

Je viens ici pour relaxer. C'est un endroit qu'on a pu s'approprier un peu, on se sent chez nous. Ça peut sembler contradictoire, mais même si on est toujours proches les uns des autres, on peut quand même y trouver un espace à soi.

En plus, la police passe vraiment rarement dans ce coin du parc. La plupart du temps, ils font juste passer en voiture, mais ils ne peuvent pas nous voir jusqu’ici. Et puis, les caméras ne fonctionnent pas, donc vraiment, on se sent libre, on ne sent pas une surveillance constante, si ce n'est des personnes âgées qui habitent en face, qui recherchent la tranquillité. Mais nous, on vient ici pour chiller, par pour causer des problèmes.

J'aperçois quelques connaissances, certains dans un groupe, les autres dans un autre. C'est un peu ça, la réalité ici : certains se connaissent vraiment bien, d’autres vraiment pas. Chacun est juste là pour chiller, pour viber avec les autres, créer une sorte de connexion.

Je préfère faire un détour pour croiser moins de gens. On ne sait jamais.

J'ai passé beaucoup de temps dans ce parc avec mes amies. Pendant les pauses à l'école, moi aussi je venais chiller au parc, mais toujours en groupe. Je n'aime pas aller seule dans certaines parties du parc. C'est étrange à dire, mais on comprend si on l'a vécu. En tant que femme, je ne me sens pas à l’aise de venir ici. C'est pour ça que je fais des détours.

On voit parfois des gens qui viennent dealer ici. Et on voit la police qui observe et surveille constamment. C'est sûr que c'est moins présent qu'après les révoltes (après la mort de Fredy), mais il reste qu'en ce moment, on en voit et ils nous voient. On les évite du regard, ils nous regardent .

J'aperçois une petite fête de quartier et m'y dirige sans trop y penser.

Mais il n'y a pas que de la surveillance au parc. C'est aussi un lieu de rassemblement pour les résidents du quartier. Aujourd'hui, le soleil brille, on ressent la chaleur sur sa peau. Le beau temps attire les familles, les amis, les passants et tranquillement, on se réapproprie l'espace. L'été, on voit le parc prendre vie sous l'influence du quartier. Il y a beaucoup d'activités durant cette période. Dans ce genre de moment, le parc redevient l'un de mes endroits préférés.

Je m'arrête un instant pour profiter du parc.

L'ombre de l'arbre m'éclaircit les idées. Ici, ç'a beaucoup changé. Avant, il n’y avait rien. Ces endroits-là, c’est les lieux de mon enfance. C’est là que je venais jouer avec mon père à 11 h du soir, parce que c’était plus calme. J’ai passé toute mon enfance ici, à jouer au soccer, aller au skate park. Il y a eu des combats « territoriaux », des tensions, des moments « tribaux » où chacun prenait possession de la balançoire. Ce sont des souvenirs qui me font vraiment rire.

Le parc, bizarrement, il n’y a pas beaucoup de criminalité qui se passe ici, c’est plus le genre d'endroit où des gens chillent. Il a été épargné, sans doute parce qu’il y a des enfants et leurs parents... qu’il y a un certain respect. En tout cas, moi, je n’ai jamais rien vu.

Je vois au loin des gens qui construisent un nouveau truc pour le parc. J'aimerais dire que j'ai hâte de voir le résultat, mais en vérité, on dirait que les personnes qui ont des idées de projets, ils ne nous consultent pas. Ils créent des choses bizarres, pas adaptées pour nous. Au parc Carignan, ils ont installé plein de trucs, genre des bancs pour les enfants. Ça n’a pas marché, les gens ne l’utilisent pas. Ça ne fonctionne pas avec la réalité.

C'est une opportunité manquée parce que je connais des gens qui aimeraient avoir ce dialogue, faire en sorte que ces nouveaux espaces soient mieux adaptés à notre vie, mais c'est difficile sans confiance.

Il faudrait qu’il y ait des gens de confiance, dans des postes importants, pour que les immigrants recommencent à faire confiance et peut-être se mettent à parler. Pour nous, l’esprit magnifique de Montréal-Nord, c’est ça. C’est le parc Henri-Bourassa, c’est la pizzeria du coin. Ce sont des places qui sont totalement adaptées à toi.

Je vais continuer à chercher pour voir si je peux apercevoir des amis.

Si parfois c'est vide et parfois il y a plein de gens, il y a aussi des jours comme aujourd'hui où j'aperçois deux groupes différents qui vont se partager l’espace et se créer un plus gros groupe, de façon organique, naturelle. Les personnes y vont, ils s’assoient entre eux et, à un moment donné, une discussion va commencer et tout le monde va s'y mêler.

Certains se connaissent vraiment bien, d’autres vraiment pas, mais ce n'est pas important. Ça crée une connexion et ça alimente une sorte de camaraderie. C'est relax. S’il y a deux groupes de jeunes qui veulent s'installer à cette place-là, il va y avoir une entente. Sans se le dire, naturellement, on va se partager l'espace. Soit que chacun va être dans son coin, faisant comme si l’autre n’était pas là, ou la plupart du temps, ce qui se passe, c’est que le groupe fait juste s’agrandir et ça crée des liens.

Je continue de m'approcher des deux groupes que je ne connais pas complètement. C'est un peu intimidant et ça aurait pu être plus simple de venir avec un ami. Mais je sais que ça va bien aller parce que tant que tu ne cherches pas de troubles, les gens vont t'accueillir.

J'ai rejoint les deux groupes qui ont maintenant fusionné. Des gens commencent à me parler, on a brisé la glace. L'ambiance est décontractée, on ressent la camaraderie. C'est l'été, il fait beau. Pour moi, c'est ça, le parc Henri-Bourassa.

Tout est si familier ici. Je me mets à flâner.

Avant, on n'avait pas le droit de flâner dans la MCC. Avec les années, ils se sont débarrassés de plusieurs petites règles. Maintenant, c'est rendu super accessible. J'étais en secondaire 2 quand cela a changé. Maintenant, tu peux manger à l'intérieur, te promener, amener des amis. C'est un point de rencontre pour les jeunes du coin.

À un moment donné, on pouvait même rentrer le matin, tôt, se chercher un muffin et du café. On y allait pour les pauses, le dîner. C'était ce qu'on avait de plus proche d'un café étudiant, autrement inexistant dans les environs.

Aujourd'hui, je peux rester ici sans me faire déranger par des gens de l'extérieur ou par des policiers. Je me sens beaucoup plus en sécurité dans les corridors de la maison culturelle, dans son sous-sol, dans sa bibliothèque. Je peux être ici à toute heure de la journée, je m'y sens bien.

Une partie de mon identité s'est construite ici. Je lui dois beaucoup, à la MCC.

J'ai passé toute mon enfance ici. J'adorais traîner ici à cause des livres, des jeux vidéo en bas, des jeux de société et tout. Au lieu de passer notre temps dans la rue, on pouvait venir ici. Et on grandissait. Toutes les semaines, il y avait le cours d'arabe et ça m'a donné une partie de mon identité. J'ai appris ici à écrire la langue. Ce lieu, il représente beaucoup pour moi, mais pas seulement pour moi. Les jeunes, ils peuvent venir ici, ils peuvent chiller, il y a des activités pour eux, qui correspondent à eux, à nous.

Je n'ai jamais vraiment eu de problèmes ici, personnellement. Nous n'étions pas surveillés. C'était chill, pour vrai. C'était relax, super polyvalent pour les jeunes et il y en avait pas mal pour tous les goûts. Peu importe ce que tu aimais, il y avait généralement un truc pour toi ici.

Maintenant, ils surveillent un peu plus, mais pas tant que ça. Une fois, j'ai vu des jeunes se faire sortir de la bibliothèque parce qu'ils faisaient du bruit, mais ils étaient vraiment jeunes. Il n'y avait pas ce genre de choses quand j'étais petit. Maintenant, je ne vais plus trop aux activités. C'est plus quand j'ai besoin d'Internet ou que j'ai besoin de me concentrer sur un travail que je viens ici. J'utilise le lieu différemment. J'ai changé depuis ce temps-là.

Je m'arrête pour regarder le calendrier d'événements.

La maison culturelle, elle ne dort jamais vraiment. Il y a toujours un truc organisé pour les gens du quartier, mais c'est vraiment le lieu des jeunes. Peu importe ce que tu aimes, tu trouves tout ou presque. Il y a des activités comme le théâtre, des services comme l'Internet, mais aussi des activités de nature plus identitaire, souvent organisées par un des organismes communautaires du coin.

Il y a des gens qui apprennent ici à renouer avec leur culture, la culture de leurs parents. Ils se forgent une identité, ce qui n'est pas toujours évident de faire par soi-même. Les jeunes se rassemblent autour de ça et grandissent en même temps. Il y a du bien qui ressort de cet endroit.

En tournant le coin, je passe devant quatre jeunes qui discutent autour d'une table. Ils font partie du conseil des jeunes. Le conseil c'est bien, c'est plein de jeunes motivés. C'est complètement bénévole et volontaire. C'est parfois difficile de se faire entendre à cet âge, mais le conseil permet ça. Les jeunes ont envie de se faire reconnaître, de montrer tout le bon qu'il y a ici à Montréal-Nord, car il y en a!

Je me dirige vers la galerie.

En parcourant un peu plus la bibliothèque, on parvient à la galerie. J'ai déjà publié quelques trucs artistiques ici. Ça déborde un peu dans la bibliothèque, on voit les œuvres des jeunes du quartier. C'est très cool, parce que la MCC est non seulement axée sur les arts, mais sur l'art des jeunes du quartier. Ça leur permet de s'exprimer, c'est un exutoire créatif.

En dépassant celle-ci et en continuant à me promener, je tombe sur la salle de théâtre. Des masses d'événements ont été organisés ici. Ça encourage les jeunes à prendre la scène. Si on ne peut se faire entendre de l'extérieur, on peut le faire à l'intérieur de la MCC. On nous prête une voix.
En ce moment, la pièce est silencieuse, mais lors des soirées « micro-ouvert », ça prend vie.

Lorsque j'y venais, des jeunes venaient raper, slamer, danser, faire des arts. D'ici on montre au quartier et à tout Montréal ce que nous sommes capables de faire. C'est important de conserver ça et d'après le matériel qui parsème la salle, c'est encore bien vivant aujourd'hui. Ça peut paraître cheesy, kitch, kétaine, mais les jeunes trouvent leur voix artistique ici et peuvent la faire entendre un peu partout.

Je vais prendre ça relax et me promener sur le terrain du cégep.

Le campus est extrêmement grand, pas aussi grand que l’université, mais quand même. Aussi, il y a le terrain de soccer où la plupart des jeunes ont l’habitude d'aller. Ils prennent des couvertures, ils socialisent tout simplement ensemble et ils font des activités. Il y a aussi la forêt à côté du cégep où on peut se promener. Certains d’entre nous vont hors du sentier et explorer plus loin.

Le cégep, c’est un monde d’adultes, tu as plus de liberté. Et la mauvaise perception des professeurs de l'école secondaire, elle ne m’a pas suivie, ça fait du bien.

Je décide d'y entrer pour aller passer du temps à la bibliothèque.

Maintenant que je suis au collège, je passe vraiment plus de temps ici. Si je ne suis pas dans mon département d’études, je suis à la bibliothèque. Quand je regarde mon rapport au collège, par exemple dans les classes, quand on me demande où j'habite et que, justement, je réponds que j’habite à Montréal-Nord, j'ai droit à beaucoup de remarques bizarres. C’est vraiment étrange, les personnes pensent que tu habites dans un coin vraiment négatif. Les gens s’imaginent que Montréal-Nord, c’est violent, que les jeunes ne sont pas éduqués, qu'ils sont ceci ou cela...

Pourtant, je n’ai pas eu de difficultés à m’intégrer. C’est juste que parfois, comme dans le cas de mon cours en sociologie, il y a des gens qui ne viennent pas de Montréal-Nord et quand tu leur dis que tu viens de Montréal-Nord, on dirait que tu es un extraterrestre. Pourtant dans mes classes, au cégep, il y a quand même beaucoup de personnes racisées.

En chemin vers la bibliothèque, je vois, un peu plus loin, un groupe avec lequel je travaille sur un de nos projets.

J'emprunte le corridor vers la bibliothèque.

Il y avait des rumeurs... Si tu étais connu pour avoir été impliqué dans des activités illégales, si tu avais un casier judiciaire, la direction se mettait sur ton cas. Ça commençait à l'inscription. Ils se faisaient surveiller. C'était plus les gars qui en étaient victimes. Ça tombe encore dans le genre de préjugés : t'es un garçon, alors tu te mets plus dans le trouble. Des gens se sont fait arrêter, mais ils avaient fait des trucs pas corrects. Tu la traces où, la ligne? Ils n'avaient pas vraiment de seconde chance.

Ça montre que même l’école tu es surveillé . Tu ne te sens pas à l’aise de rester ici, parce que tu te sens regardé et ce n’est pas plaisant, et ça fait que le rapport que tu as avec les gens ici n’est pas positif. Ça te donne le goût d’aller ailleurs. C’est pour ça que j’ai commencé à aller plus souvent au centre-ville, à la Grande Bibliothèque. Mais tu vois, même à la Grande Bibliothèque, je ne sais pas depuis quand, il y a des gens qui surveillent aux alentours. Mais c’est parce que Berri-UQAM est réputée pour avoir beaucoup d’itinérants, donc il y a plus de surveillance. C’est dommage, je trouve.

J’ai l’impression que tu es moins regardé à la Grande Bibliothèque qu'à Montréal-Nord. C’est plus facile de se faire petit, parce que les gens ne savent pas d’où tu viens.

Je vais aller discuter du projet avec mes coéquipiers.

J’ai remarqué que, quand j’étais plus jeune, je faisais aussi de la censure. Je ne disais pas que je venais de Montréal-Nord, je disais juste Montréal. Parce que si tu mets le lien avec Montréal-Nord, admettons sur ton CV, ils associent ça automatiquement aux révoltes (suite à la mort de Fredy) et donc, à la violence.

J’ai eu un cours de sociologie qui portait sur les techniques d’observation et on a fait un tour à Montréal-Nord. La professeure a tout de suite fait le lien avec les révoltes et ce qui s’est passé avec Fredy. On s'est promené dans tous les secteurs de Montréal-Nord.

Quand on a fait un retour là-dessus, il y a beaucoup de gens qui disaient : « Ce n’est pas ici que je voudrais avoir des enfants et où je les éduquerais. » Ils disaient qu’il y avait plus de gens qui consomment des drogues, que bien des jeunes n’ont pas d’avenir, qu'il y a des gens qui n’ont pas de classe, tous ces clichés-là. Je me souviens qu'on a dû intervenir, moi et une coéquipière de Montréal-Nord, parce que notre prof avait abordé le fait qu’il y avait des organismes qui essayaient de changer les choses, mais de manière assez négative. On a dû lui dire : « Oui ce n’est pas facile et il y a un manque de ressources. Mais les organismes et les gens du quartier veulent que les choses changent. »

Ici, on n’est pas valorisé. Quand je regarde la situation, c’est un problème qu’on refuse de regarder en face, alors que c’est central. J’ai l’impression que quand tu dis aux gens que tu viens de Montréal-Nord, le regard sur toi est très négatif.

Il y avait une drôle de vibe à cette école... J'y restais le temps qu'il fallait seulement.

J'ai passé seulement trois années de mon secondaire ici. Je me souviens de ne pas avoir aimé l'endroit, mais en même temps, je me souviens que j'aimais pas l'école en général. Je me vois courir dehors, comme les jeunes qu'on voit aujourd'hui, dès que la cloche de pause ou du lunch sonnait. Je préférais nettement la pizza du coin à la bouffe de cafétéria. En fait, j'aime encore la pizza du coin, car c'est une bonne pizzeria.

Il y avait deux sections aux casiers, celle des filles et celle des garçons. On restait là en gang, à chiller, jusqu'à ce que la sécurité nous sorte. C'est arrivé quand même quelques fois hé, hé, hé. Ça m'amuse d'y repenser.

L'école a changé, c'était plus... ghetto. Il y avait des tags, des graffitis un peu partout. On n'en voit plus beaucoup maintenant. Un peu partout par contre, je vois encore les bacs à fleurs de l'école, des énormes structures de bois. Je les remarque toujours, aujourd'hui comme hier, car j'ai participé à les faire. C'était en deuxième année, j'étais en retenue pour la journée. Quand même plus cool que de rester devant un tableau vert pendant toute une journée!

La rue Pascal, je crains de m'y promener.

La rue Pascal, j’y allais surtout quand j’étais plus jeune. J'y venais souvent, mais par nécessité, lorsque je venais acheter de la nourriture pour ma famille.

J'essaie de ne pas trop la fréquenter, car quand le soir vient, l'ambiance change. Vers l’allée Pascal où il y a les marchés, il y a des femmes qui se font siffler parfois, lorsqu'elles sont seules. C'est surtout le soir que ça se produit. Quand tu es une fille, tu te fais beaucoup regarder. Ça peut devenir intimidant. Je ne me sens pas vraiment à l’aise lorsque je m'y retrouve.

Comme je n'aime pas cette ambiance et que je m'y sens parfois menacée, je change mon itinéraire et emprunte des détours. Ça me permet d'éviter les endroits qui me rendent mal à l'aise.

Quand j’étais plus jeune, j'avais déjà remarqué qu'il y avait beaucoup de gens qui avaient besoin d’aide qui se retrouvaient sur la rue Pascal. Ce ne sont pas nécessairement des gens louches qui se tiennent sur la rue, il y a aussi des personnes démunies. J’imagine que c’est difficile pour eux. Il y a de l'entraide à Montréal-Nord, mais quand même, tous n'ont pas les mêmes ressources pour s'en sortir.

La rue Pascal, j'y ai vécu.

Pendant longtemps, quand j’étais plus jeune, on a habité ici avec ma famille. Quelques minutes de marche et je me retrouve devant les portes familières de mon ancien bloc appartements. Pour être honnête, mon immeuble, c’était un bâtiment où on voyait des trucs de drogue. Un jour, quelqu’un s’est fait poignarder juste en bas. Ç'a généré de la peur dans le coin, et cela a amené le contrôle. C’est normal, jusqu’à un certain point.

Les gens ont commencé à avoir plus peur, moi y compris.

À un moment donné, la peur fait place à la routine. Insensible n'est pas le bon mot, j’aime mieux dire que je me suis acclimaté. C’est un truc de plus qui fait partie du quotidien. On n'a pas choisi de vivre ici. Personne dans la famille n'a trouvé l’appartement beau et s’est dit que c'est pour ça qu’on y emménagerait avec la famille. C’est juste que ça convenait. Économiquement, mais aussi démographiquement, avec les écoles toutes proches.

Peut-être que j’aurais dû avoir plus peur, mais on s’y habitue!?!

À un moment donné, la peur fait place à la routine. Insensible n'est pas le bon mot, j’aime mieux dire que je me suis acclimaté. C’est un truc de plus qui fait partie du quotidien. On n'a pas choisi de vivre ici. Personne dans la famille n'a trouvé l’appartement beau et s’est dit que c'est pour ça qu’on y emménagerait avec la famille. C’est juste que ça convenait. Économiquement, mais aussi démographiquement, avec les écoles toutes proches.

Mais c’est pas parce qu’il y avait de la violence qu’il n’y avait pas aussi du bien.

Bien sûr, il y avait du grabuge et tout, mais à un moment donné, ça reste ta maison. En continuant à marcher, je me retrouve dans des endroits « chauds », des endroits qui m’ont vu grandir. Des endroits que je connais et où je me sens encore hyper en contrôle parce je connais tout ici. Encore aujourd’hui, je reconnais des visages. Est-ce qu’ils me reconnaissent? C’est gens-là, ils m’ont aussi vu grandir. Il y a une étrange chimie qui s’installe quand t’es jeune, avec les gens qui traînent dans la rue. Peut-être parce que, justement, t’es un enfant et un enfant, on le protège. Et avec le temps, on se protège les uns les autres. C’est comme un poisson rouge et son anémone.

Je continue à marcher, mais pas sur les sentiers battus. Quand tu connais par cœur les rues, tu finis aussi par connaître les petits secrets du quartier. Mes passages secrets existent encore et me permettent d’avancer vite dans le coin. C’était et c’est encore, jusqu’à un certain point, un endroit « précaire ». Quand un coup de feu peut partir à cause d’une conversation qui tourne mal, c’est pratique de connaître les passages secrets. Tu peux disparaître d’un seul coup et rejaillir quelque part d’autre où c’est calme. Et ce savoir-là, je le transmets. Maintenant, c’est mon petit frère qui les emprunte, mes passages secrets. Même si on ne vit plus ici, la vie continue dans ce petit coin de Montréal-Nord.

Malgré tout, ç'a été chez moi pendant longtemps. Tu t’y sens chez toi.

Bien sûr, il y avait du grabuge et tout, mais à un moment donné, ça reste ta maison. En continuant à marcher, je me retrouve dans des endroits « chauds », des endroits qui m’ont vu grandir. Des endroits que je connais et où je me sens encore hyper en contrôle parce je connais tout ici. Encore aujourd’hui, je reconnais des visages. Est-ce qu’ils me reconnaissent? C’est gens-là, ils m’ont aussi vu grandir. Il y a une étrange chimie qui s’installe quand t’es jeune, avec les gens qui traînent dans la rue. Peut-être parce que, justement, t’es un enfant et un enfant, on le protège. Et avec le temps, on se protège les uns les autres. C’est comme un poisson rouge et son anémone.

Je continue à marcher, mais pas sur les sentiers battus. Quand tu connais par cœur les rues, tu finis aussi par connaître les petits secrets du quartier. Mes passages secrets existent encore et me permettent d’avancer vite dans le coin. C’était et c’est encore, jusqu’à un certain point, un endroit « précaire ». Quand un coup de feu peut partir à cause d’une conversation qui tourne mal, c’est pratique de connaître les passages secrets. Tu peux disparaître d’un seul coup et rejaillir quelque part d’autre où c’est calme. Et ce savoir-là, je le transmets. Maintenant, c’est mon petit frère qui les emprunte, mes passages secrets. Même si on ne vit plus ici, la vie continue dans ce petit coin de Montréal-Nord.

C’est tellement loin de tout ce que je connais, et pas juste physiquement.

Les gens vivent tellement différemment ici. C’est censé être un des quartiers riches, un des quartiers sécuritaires de l’île, mais… je sais pas, je m’y sens mal à l’aise. Je me sens plus en sécurité chez moi, dans le milieu que je connais si bien. Tu t’habitues à ton milieu et, j’ai compris que, des fois, l’homme blanc peut être dangereux. J’y pense avec une pointe d’humour, mais aussi avec une pointe de vérité.

À peine le temps d’arriver et le shift commence déjà. Je serai ici toute la nuit aujourd’hui, pendant huit heures en tout. Et en même temps, je pense : « Pourquoi je viens aussi loin pour ouvrir des portes? » En fait, c’est pas un choix, c’est un nécessité. À la maison, la situation est précaire. Pendant que je ferme la porte de la piscine, je me dis que je fais ça pour mes frères et mes sœurs. Comme ça, peut-être qu’ils ne le feront pas un jour. Je n'ai plus de vie sociale, pas de loisirs. Il y a un truc qu’on a vu en économie la semaine dernière : le coût de renoncement. Si je vais au cinéma, je renonce à de l’argent. Si je décide d’aller chiller avec des amis, je dis non à du repos. Il y a un coût à tout, alors à la fin il n’y a pas de choix. Mon prof de maths disait qu’il y a des gens qui vivent et d’autres qui survivent. Alors j’imagine que j’ai choisi de survivre.

Quand tu débarques ici, c’est un autre monde complètement.

Les gens vivent tellement différemment ici. C’est sensé être un des quartiers riches, un des quartiers sécuritaires de l’île, mais… je sais pas, je m’y sens mal à l’aise. Je me sens plus en sécurité chez moi, dans le milieu que je connais si bien. Tu t’habitues à ton milieu et j’ai compris que, des fois, l’homme blanc peut être dangereux. J’y pense avec une pointe d’humour, mais aussi avec une pointe de vérité.

À peine le temps d’arriver et le shift commence déjà. Je serai ici toute la nuit aujourd’hui, pendant huit heures en tout. Et en même temps, je pense : « Pourquoi je viens aussi loin pour ouvrir des portes? » En fait, c’est pas un choix, c’est un nécessité. À la maison, la situation est précaire. Pendant que je ferme la porte de la piscine, je me dis que je fais ça pour mes frères et mes sœurs. Comme ça, peut-être qu’ils ne le feront pas un jour. Je n'ai plus de vie sociale, pas de loisirs. Il y a un truc qu’on a vu en économie la semaine dernière : le coût de renoncement. Si je vais au cinéma, je renonce à de l’argent. Si je décide d’aller chiller avec des amis, je dis non à du repos. Il y a un coût à tout, alors à la fin il n’y a pas de choix. Mon prof de maths disait qu’il y a des gens qui vivent et d’autres qui survivent. Alors j’imagine que j’ai choisi de survivre.

J’ai toujours vécu comme ça, alors c’est normal pour moi.

Ça semble résigné, mais c’est vrai. Je vis dans deux écosystèmes, à Montréal-Nord et dans ce quartier bourgeois. Et à la fin de la journée, ça en vaut la peine. Il y a un moment, j’ai fait installer la 3G sur le cellulaire de mes frères et de mes sœurs. Quand t'as pas d’Internet aujourd’hui, ça te handicape, surtout quand tu es aux études. Alors, pour ça et pour beaucoup plus, je continue entre les études le jour et le travail la nuit.

En sortant du bâtiment, le soleil se lève. Dans le bus vers Montréal-Nord, je somnole les bras croisés sur mon siège et je me dis que quelque part, ça en vaut la peine.

Je sacrifie tout mon temps, mais ça ne me dérange pas.

Ça semble résigné, mais c’est vrai. Je vis dans deux écosystèmes, à Montréal-Nord et dans ce quartier bourgeois. Et à la fin de la journée, ça en vaut la peine. Il y a un moment, j’ai fait installer la 3G sur le cellulaire de mes frères et de mes sœurs. Quand t'as pas d’Internet aujourd’hui, ça te handicape, surtout quand tu es aux études. Alors, pour ça et pour beaucoup plus, je continue entre les études le jour et le travail la nuit.

En sortant du bâtiment, le soleil se lève. Dans le bus vers Montréal-Nord, je somnole les bras croisés sur mon siège et je me dis que quelque part, ça en vaut la peine.

Je pourrais me diriger vers le chantier, là-bas.

Après m'être approché du chantier, je regarde l'avancée de ce projet qui occupe bien des gens. C’est là que notre pavillon est en train de se bâtir. Les jeunes s'en parlent parfois. Ils se demandent combien de temps vont durer les travaux, ou encore si des graffitis vont apparaître. Je lève un peu les yeux pour regarder l’affiche à côté de moi. Beaucoup d’argent a été investi. Ce qu'on voit sur l'affiche, c'est que la place a l’air extrêmement belle.

Un ami me disait l'autre jour qu'il a hâte de voir le résultat, lui aussi. Il y a clairement une attente pour que ça réussisse. On sera tous satisfaits puisqu'on aura une autre place pour rester, pour attendre à l’intérieur, s’il y a de la pluie ou une tempête de neige.

En même temps, on se demande tous si ça va rester beau tout ça, une fois que ce sera fini. Combien de temps est-ce que ça va durer? Parce que la ville, elle n’entretient pas. Je ne vois pas souvent de travailleurs de la ville qui viennent s'occuper du parc. En fait, c'est plutôt un organisme de la communauté et les jeunes qui sont bénévoles, qui s'en occupent.

Honnêtement, en général, je voudrais que Montréal-Nord soit beaucoup mieux entretenue par la ville. Parfois, tu sors et c’est extrêmement sale dans les rues, c'est laid. Surtout l’hiver où la neige se mélange avec les déchets au sol. Ça devient impossible de marcher sur le trottoir. La ville, s’occupe des environs de la bibliothèque et autour de la place Pascal. Ils y posent des plantes, des petits arbustes, des fleurs, ils nettoient un peu. Mais est-ce que c'est suffisant?

J'aimais tant y venir quand j'étais jeune, mais c'est différent aujourd'hui.

J'ai tellement fréquenté cet endroit quand j'étais plus jeune. Parce que j'adore lire. C'était facile de venir ici après l'école, de prendre un livre, de m'asseoir dans un coin et juste... relaxer. Il y a beaucoup de bénévolat ici, alors il y avait aussi toujours une opportunité pour aider à faire rouler les choses.

J'aimerais pouvoir fréquenter les lieux comme je le faisais avant, mais c'est plus la même chose. Comme dans le parc, il y a plus de surveillance maintenant . On dirait qu'il y a plus de gardiens, ce n'est plus aussi simple qu'avant. Venir ici, maintenant, quand je compare avant à aujourd'hui, c'est bizarre. C'est encore la MCC, mais différemment pour moi. J'y viens de temps en temps, mais ce n'est plus aussi calme et relaxant.

À cause des préjugés, je n'en garde pas des souvenirs super chaleureux, personnellement.

On vient à l'école pour apprendre. Ici, j'ai appris ce qu'était le racisme. J'ai vite compris qu'il y a un écart entre ce que les gens disent et ce qu'ils pensent. Les autres avaient toujours des tonnes de questions sur mes origines. Des fois, je ne venais pas à l'école parce que t'sais, j'étais juste jeune! Je me souviens des questions qu'on me posait en revenant en classe :

- « Est-ce que c'était parce que tu étais à la mosquée ? »
- « C'est le ramadan, right ? Trop faim pour venir en classe ? »

Ben non, j'étais juste un peu jeune et un peu bum. J'étais pas à la mosquée, j'étais chez moi en train de chiller en mangeant des Doritos! Mais les gens s'arrêtaient à la couleur de ma peau et d'où je venais.

Si je refusais de faire le truc que la prof me demandait, certains disaient : « On le sait ben, c'est le problème d'égalité homme-femme que tu respectes pas, » ou « C'est à cause du ramadan. » Tout était à cause de ma religion. Personne ne s'est dit que j'étais peut-être juste un ado et que j'étais dans la phase où tu te fous un peu de tout et de ce qu'on te demande. Je n'aime pas me rappeler de ça. C'était juste des préjugés et des trucs du genre. Comme si, parce que je suis Arabe, je peux pas comprendre l'égalité des sexes!

Au moins certains comprenaient. Il y avait un surveillant que j'aimais bien.

La plupart du temps, c'était difficile, mais malgré tout, il y avait vraiment des personnes nice. Il y avait un surveillant, lui, il était super. Il venait me voir et il ne s'attardait pas à ce que les autres voyaient ou décidaient de voir. Il venait me parler, parfois, lors de la pause, le midi ou après l'école. Et à chaque fois, il le faisait pour s'intéresser à moi, il parlait pour me parler à moi. Il n'y avait pas d'imposition de point de vue, juste de la discussion. Il voulait t'écouter pour vrai, là où d'autres faisaient juste s'imposer. S'imposer eux-mêmes, mais aussi m'imposer la vision qu'ils avaient de moi.

Ce surveillant, d'une certaine façon, m'a formé, m'a appris à penser. Il venait me voir, tout d'un coup, avec des questions philosophiques pendant mes heures de retenue. Il se souciait de moi et ça m'a fait du bien. J'espère qu'il va bien aujourd'hui.

Personne ne voulait écouter. Enfin, presque personne.

La plupart du temps, c'était difficile, mais malgré tout, il y avait vraiment des personnes nice. Il y avait un surveillant, lui, il était super. Il venait me voir et il ne s'attardait pas à ce que les autres voyaient ou décidaient de voir. Il venait me parler, parfois, lors de la pause, le midi ou après l'école. Et à chaque fois, il le faisait pour s'intéresser à moi, il parlait pour me parler à moi. Il n'y avait pas d'imposition de point de vue, juste de la discussion. Il voulait t'écouter pour vrai, là où d'autres faisaient juste s'imposer. S'imposer eux-mêmes, mais aussi m'imposer la vision qu'ils avaient de moi.

Ce surveillant, d'une certaine façon, m'a formé, m'a appris à penser. Il venait me voir, tout d'un coup, avec des questions philosophiques pendant mes heures de retenues. Il se souciait de moi et ça m'a fait du bien. J'espère qu'il va bien aujourd'hui.

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Tu continues ton chemin vers le nord.

D'un pas nonchalant, tu te mets à marcher vers le nord. Tu ne sais toujours pas pourquoi tu es à la gare, mais peu importe. Tu as bien envie de te balader dans le quartier. Tu veux le comprendre même si tu le connais très bien, ce quartier. C'est normal, tu y as grandi! Mais est-ce que tu le connais vraiment?

Indécis, tu restes sur place.

Tu es tellement plongé dans tes pensées que ça te prend du temps à te décider. Sur ta droite, un passant perd son portefeuille qui tombe sur le quai. Tes sens ne sont pas encore assez éveillés pour réagir. Mais une jeune femme se penche pour le ramasser et accélère le pas pour rattraper le passant.

« Hey ! »

Son cri te sort du brouhaha de la gare et de tes pensées.

Tu te décides enfin à aller vers le nord.

D'un pas nonchalant, tu te mets à marcher vers le nord. Tu ne sais toujours pas pourquoi tu es à la gare, mais peu importe. Tu as bien envie de te balader dans le quartier. Tu veux le comprendre même si tu le connais très bien, ce quartier. C'est normal, tu y as grandi! Mais est-ce que tu le connais vraiment?

Pourquoi ne pas aller vers le nord.

D'un pas nonchalant, tu te mets à marcher vers le nord. Tu ne sais toujours pas pourquoi tu es à la gare, mais peu importe. Tu as bien envie de te balader dans le quartier. Tu veux le comprendre même si tu le connais très bien, ce quartier. C'est normal, tu y as grandi! Mais est-ce que tu le connais vraiment?

Cette expérience est enrichie par l'usage d'écouteurs

Tu as exploré l'ensemble des récits principaux. En faisant tes choix parmi ceux-ci, tu as emprunté les chemins de quatre réels jeunes de Montréal-Nord. Dans leurs mots, ils t'ont raconté une petite partie de leur quotidien…

Apprends-en davantage sur chacun d'eux.

En retournant à la carte, le progrès que tu auras fait avant la fin d'un récit sera perdu.

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En recommençant tes parcours, tu effaceras complètement les chemins que tu as empruntés et tu recommenceras à zéro.

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À propos

MTL-NRD est un webdocumentaire réalisé dans le cadre du vaste projet de recherche TRYSPACES, qui porte sur l’occupation du territoire par les jeunes et la perception de cette occupation dans la société. Menée par l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), cette initiative internationale d’une durée de six ans se déploie à Paris, Hanoï, Mexico et Montréal. Elle bénéficie du financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).

Le webdocumentaire MTL-NRD est issu d'une recherche menée par Violaine Jolivet, Célia Bensiali-Hadaud et Chakib Khelifi. Il donne la parole à des jeunes de Montréal-Nord qui nous partagent leurs points de vue sur les lieux qu’ils occupent, la vie de quartier et ce qui les touche. Notre projet n’aurait pu être possible sans leur participation active à l’idéation et à la scénarisation, ce qui nous a permis de porter un regard plus sensible et lucide sur Montréal-Nord.

Développée avec la participation du Fonds Bell, MTL-NRD est une production de CREO réalisée en collaboration avec Affordance Studio et en étroite concertation avec l’équipe montréalaise de recherche de l’INRS que nous remercions chaleureusement.

Équipe de production

Gestion de projetMyriam Tremblay

ScénarisationGuillaume Mercier

Gestion et édition du contenuJamie Dorval Caya et Michel Groulx

Direction artistique et design graphiqueFlorence Girard

Illustration des avatarsJacynthe Lefebvre-Asselin et Émilie Dubois-Perras

Captation 360David Duguay

ProgrammationÉtienne Carbonneau, Alexandre Hua et Pierre Cardot

Assurance de la qualitéLouis-Philippe Bellerose Demers

Révision linguistiqueClaude Faribault

TraductionPeter Christensen

Trame sonore

Pictures of the Floating World, Waves, https://freemusicarchive.org/music/Pictures_of_the_Floating_World/Waves_1528/Waves_1217

Pictures of the Floating World, Bumbling, https://freemusicarchive.org/music/Pictures_of_the_Floating_World/Bumbling/Bumbling